« Le lion » de Roald Dahl

Le lion, on le sait, de viande est friand.
Rien n’est pour lui plus alléchant.
Demandez donc au roi des animaux,
Quel est pour lui le plus tendre morceau.
Ce n’est pas le gigot d’agneau,
La bavette, le boeuf marengo.
Ce n’est pas le petit cochon,
Ni le ragoût de mouton.
Mais peut-être voudra-t-il d’une grosse poule
bien dodue ?
Non vraiment, non merci. Que veut-il, le têtu ?
« Lion, je suis ton ami : es-tu en appétit,
Et d’un excellent steak ne serais-tu ravi ?
Un pâté en croûte ou un lièvre à la bière,
Te feraient-ils enfin sortir de ta tanière ? »
Avec un fin sourire il hocha la tête,
Et s’approchant de moi tout bas il déclara :
« Le plus tendre morceau n’est rien de tout cela.
Ne te creuse plus la tête : mon déjeuner,
c’est TOI ! »

Roald DAHL

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